Prologue

Ha! Ça….C’est le genre de plat que tout le monde aime! Le genre de plat que l’on pourrait trouver dans un marché médiévale et surtout le plat pour lequel un homme peut vous porter aux nues (le mien tout spécialement, c’est son plat préféré) . D’apparence simple, il est délicieux, facile à manger, bourratif comme jamais, peut se décliner à l’infini selon ce que vous avez dans vos placards , peut se manger debout à deux mains… C’est le genre de plat que je soupçonne de réveiller la bête qui ronfle en nous, quand on y mord à pleines dents.

Ce n’est pas vraiment un plat pour temps chaud par contre, je préconise de le préparer en automne /hivers car il est réconfortant. Mais puisqu’il fait moins chaud aujourd’hui … je l’avais déjà préparé pour la diffusion de la dernière  saison de «Gamme of thrones» où j’avais comme cette année pour «House of the dragon» décidé de préparer un plat par épisode. Puis , j’avais été comme beaucoup  tellement dégoûtée de la tournure que prenait la saison huit (pas de l’histoire en elle même, non,  de cela j’étais satisfaite. C’est la manière dont on me racontait l’histoire qui ma déçue au plus haut point) ,que j’ai remisé mon rouleau à pâtisserie dans son tiroir . en plus de bouder dans mon coin, mais en cœur avec tout les mécontents  … à l’épisode cinq, où j’ai passé mon tant à souffler de désespoir. A l’heur où écrit ces lignes , je le vis comme si c’était hier.

Mais nouvelle série, nouvelle version où j’essaie de me rapprocher au plus prés de l ‘histoire ….Et  ça fait  surtout trois ans que l’homme me glisse ce plat dans une phrase où l’autre…avec le secret espoir que je me donne la peine de le refaire.

 

 

 

 

C’est quoi un tranchoir?

Le  tranchoir, nom masculin, (trancheor (n.m), tranchouer (n.m), trenchoir (n.m), trençoir (n.m)   au Moyen Age et au XVI ième siècle peut avoir plusieurs définitions :

  • Un instrument tranchant comme un couperet.
  • Une planche de bois ou en métal, carrée ou ronde, sur laquelle on découpe la viande. aussi appelé planche à découper, c’est une pièce massive , sans assemblage à la colle. Ça longévité était assurée par ce procédé. Elle possède également deux rigoles sur les cotés pour évacuer et récolter le jus de viande. Pour les riches elle pouvait être copieusement ouvragée. Plus tard , le tranchoir prendra le nom d’assiette.
Planche à découper

OU

Couperet
Couperet.
Tranchoir ou talloir.
  • Une tranche de pain épaisse évidée ou non, qui au passage pouvait être rassis ( bien avant que l’on parle de zéro déchet, il était inconcevable de jeter quoique ce soit qui soit encore consommable), que l’on nomme aussi «talloir» dont on se sert comme une assiette. On y déposait de la viande ou du poisson , leurs sauces venaient imprégner la mie. L’usage était de les donner aux  pauvres à la fin du repas. C’est celui qui nous intéresse dans notre aventure.

Comment faisait- on le pain au Moyen Age?

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Il n’y a pas «un» pain au Moyen Ages, mais «des» pains ( comme il n’y a pas un spider-man mais des spider-mans dans le multivers), dont la recette varie en fonction des récoltes et de ce qu’il y avait à disposition comme matières première locales. Le mot d’ordre était ADAPTATION et pour le boulanger mais aussi, des femmes à qui était souvent dévolue cette tache .C’est l’aliment le plus consommé que l’on soit riches ou un pauvres gueux.

Il pouvait être composé de toutes sorte de farines: Épeautre, blé (avent qu’on y fourre plein de gluten pour obtenir une pâte plus légère),sarrasin, avoine, froment, seigle…voir de farine de petits pois ou de fèves déjà utilisé en Mésopotamie. Parfois on y mettait un chouïa de paille ou de coque de noix en cas de famine. Je te le déconseille, sauf, à vouloir absolument se faire mal au bide…

 Ce qui me vient à l’esprit, c’est qu’ici Djinnerie, ça me donne envie de faire des tests!

Pains médiévaux
Levains fait maison

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Ces farines étaient bien sur différentes en goût, mais aussi en prix. Le pain blanc était réservé au plus fortunés ( se qui ne signifie pas forcement au plus noble…) car la farine passait par un processus de raffinage plus poussé et donc …Plus coûteux. Les moins fortunés ,comme nous (enfin, je devrai dire comme moi…), se rassasiaient l’estomac avec des farines plus complètes, ce type de pain prenait la dénomination de pain «bis».

Comme de nos jours, il fallait aussi un four. Loin d’ être aussi rependus que dans nos vies modernes où il est rare qu’il n’y en ai pas un dans chaque foyer, en ce temps là… c’était plus tôt un par village, car il était tout simplement interdit d’en posséder,  jusqu’au et ce XII ième siècle . Le four du village appartenait à sa seigneurie ou d’un ecclésiastique qui fessait payer une taxe pour son emploi, on appelait ça le four «banal» ( tu comprend mieux pourquoi les moulins sont si important dans la saga du «Trône de fer» par exemple) . On me dit dans l’oreillette que  sa Grâce Emmanuel Macron  aime cette info. On apportait son grain au meunier , on rapportait la farine chez sois où on façonnait le pain  et  on l’apportait au fournier qui le mettait au four.

C’étaient de beaux gros bébés d’environs cinq kg . On répétait cette opération chaque semaine ou tout les 15 jours.

La levure quand à elle était issue du brassage de la bière ou bien, on faisait son propre levain ( essai en cour ici:https://www.facebook.com/DjinnOrra/). Contenant beaucoup moins de gluten , le pain était beaucoup plus dense et calait vite la faim.

Le pain sans levure  du  du tout était toute fois le plus répandus. il était  plat , de la taille d’une main et ressemblait un peu à une Ostie eucharistique ou une galette. Il avait bien des avantages car il ne nécessitait pas de four (une cheminée ou un feu de camps pouvait faire l’affaire) et était par dessus tout transportable, comme ton GSM que tu trimbales partout avec toi , en lieu et place de ton P.C.  en cas de petite faim de Facebook ou de Google.

Enfin pour lui donner de la saveur, on pouvait y ajouter des épices : miel, cannelle, carvi, muscade, anis , fenouil…

Le pain et le tranchoir dans l’histoire et la littérature.

Dans l’histoire (une brève ligne du temps assez… euro centrée , qu’il faudra compléter).

Préhistoire

  • Première trace de pain sans levain  de rhizomes de massettes et de fougères 30 000 AV J.C.
  • Au moyen orient, dans l’actuel Turquie, le pain apparaît parallèlement à l’agriculture, principalement à base de céréales sauvages.
  • 8000 AV J.C  dans le Croissant fertile, le pain est essentiellement à base de céréales.
Bouillie.

Antiquité

  • Durant l’Antiquité égyptienne, le pain au levain devient un aliment régulier quand plus tard chez les romains , la bouillie est encore d’usage. On utilise l’eau du Nil, riche en limon pour la fermentation. Le pain est également placé dans les tombes pour la vie des défunts dans l’après vie.
  • En Mésopotamie, on cuit les pain sur les parois du four.
  • Chez les sumériens, mention de pain levé que l’on garde pour les occasions spéciales. Offrandes de pain au Dieux par les prêtresses et les scribes.
  • En Grèce, au V siècle ,invention du moulin à trémie d’Olynthe.
  • A Rome aussi, le pain , la bouillie et les céréales deviennent des aliments de base pour la population.
  • Sous Trajan, création du collège des meuniers et boulangers. Les riches mangent des pains de farine blanche en forme de lyre, d’oiseaux etc. Les pauvres mangent des pains de farine mêlée à du son ou à de l’orge. Pour éviter les émeutes, on distribue du pain à certaines occasions.
  • Le pain Gaulois est très apprécié car ils y ajoutent l’écume des boissons céréalières pour le faire lever , selon Pline l’Ancien.
  • Sous Auguste, on dénombre 329 boulangerie à Rome.
  • Avec l’expansion du Christianisme, le pain prend un caractère sacré. Il est composé de méteils, d’orges et épeautres.

Moyen Age.

  • Au Moyen Age , la panification décroit avec les invasions normandes par manque d’entretien ou destruction des moulins à eau.
  • Le tranchoir est mentionné au repas du sacre de Charlemagne.
  • En 1050, les paysans sont soumis au ban et sommés d’ aller cuire leur pain au four banal contre une taxe.

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Pain médiéval par mes soins.
Cuisine vintage.
La pâte après la levée.

Temps modernes

  • A la renaissance, la panification bénéficie des avancées de la science , notamment grâce au microscope, la fermentation par la levure de bière se développe. Les pains de farines de pois et fèves ne sont plus consommer quand période de famine.
  • Au XVI, pénurie de farine intensifiée par l’interdiction de la deuxième mouture de son, jugée impropre à la consommation. Distribution de jetons aux pauvres à Liège , donnant droit à du pain.
  • Au XVII siècle, les boulangers cessent progressivement de moudre la farine car les meuniers proposent alors une farine fortement tamisée.
  • Au XVIII, l’interdiction de la deuxième mouture de son est levée. On commence à utilisé le charbon pour les fours.

Époque Contemporaine

  • A époque Contemporaine, en 1793, la taxation des fours banales est abolie en France.
  • Au XIX, apparition des pétrins mécaniques et perfection des machines à moutures.
  • En 1836, première boulangerie industriel à Paris. Le pain frais se démocratise.
  • En 1860, Louis Pasteur identifie la levure en tant que micro organisme responsable de la fermentation alcoolique et ces caractéristiques. La fabrication de levure industriel se développent.
  • Durant de la première guerre mondiale , apparition des pains noires et pains de guerres qui se conserve longuement.
  • Au XX siècle , la mécanisation de la panification prend de l’ampleur. On maîtrise la fermentation. Paradoxalement , la qualité du pain diminue.
  • Renouveau d’un point de vue qualité avec l’avènement du métier de paysans boulangers.
 

Dans la littérature.

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  • Mention dans «L’épopée de Gilgamesh» de la figure du boulanger qui pétri pour la déesse
  • Le pain est évidement cité tout au long de la bible,  dans l’exode par exemple  (Exode : 16/15) mais aussi et surtout dans le nouveau testament où Jésus le multiplie . il revête une importance capitale dans Cène (Matthieu 26:26).

Prenez et mangez en tous… ( étrange comme on retrouve ces même mots dans le culte à mystères de Dionysos).

On le retrouve également dans le «notre père».

  • Dans l’Enéide de Virgile, le tranchoir fait l’objet d’une prophétie.
Statuaire mésopotamienne
Chrisme sur un vitrail, photo personnel
Carte de Westeros.
  • Shakespeare utilise le terme «tranchoir» dans une multitude de pièces de théâtre.
  • Le pain apparaît dans «les confessions» de Rousseau, livre VI.
  • Jean val Jean est condamné pour avoir voler du pain dans «Les misérables» de Victor Hugo.
  •   Xavier de Montépin écrit «La porteuse de pain».
  • GRR Martin cite de nombreuse fois le tranchoir dans la saga «le trône de fer» , il existe dans toutes les contrées, à exception de Dorne . Offrir le pain et le sel font partie des règles de l’hospitalité qui protèges les invités de leurs hôtes.
  • Le tranchoir est cité également dans «Le sorceleur» d’Andrzej Sapkowski .

Une recette pain tranchoir de la Garde de nuit au ragoût d’orge et de bière D’Hobb -trois- doigts.

Une recette pain tranchoir de la Garde de nuit au ragoût d’orge et de bière D’Hobb trois doigts.

Course Main Course
Cuisine French
Prep Time 1 day
Cook Time 40 minutes
10 minutes
Total Time 1 day 50 minutes
Servings 2

Ingredients

Pour le tranchoir

  • 4 tasses de farine de seigles complète
  • 4 tasses de farine d'épeautres complète
  • 2 tasses de bière épaisse
  • 1 c. soupe de sel
  • 1 c. café de graines de carvi (optionnel )

Pour le ragoût

  • 450 gr de porc ou de gibier
  • 1 paquet de lardons
  • 1 l de bière (encore...) ou de vin
  • 1 tasse d'orge
  • 1 oignon coupé en dés
  • 1 carotte coupée en dés
  • 2 gousses d'ail pressées
  • 2 branche de thym
  • 2 feuilles de laurier
  • 2 c. à soupe d'huile de cuisson
  • sel au goût
  • poivre au goût

Instructions

Pour le tranchoir

  • Mélange deux tasses de chaque farines avec la bière, le carvi pour créer une espèce de bouillie . Laisse la reposer toute la nuit sous un torchon propre. Elle doit mousser le lendemain .
  • Ajoute le sel au restant de farines et incorpore tout ça à ta mixture préparée la veille. Et pétris vigoureusement la pâte avec tes mains ( jamais avec un mixeur, c'est toujours une pure catastrophe). Couvre la pâte de nouveaux et laisse la doubler de volume.
  • Quand c'est fait, pétris la encore et encore et encore...Et façonne deux belles boules et laisse les levées encore un peu. Profites en pour préchauffer le four à 200 C.
  • Quand les pains ont bien gonflés, enfourne moi tout ça sur une plaque graissée pour 40 minutes. Ils sont prêts quand ça sonne creux quand tu tappes dessus.

Pour le ragoût.

  • Fais griller tes lardons dans l'huile. Réserve les. Fais de même avec le porc que tu aura préalablement coupés en morceaux, en le faisant colorer dans la même jatte. Réserve le tout.
  • Fais blondir l'oignons et ajoutes la carottes, l'ail, le thym et le laurier pendant quelques minutes.
  • Déglace avec la bière en décollant biens les sucs avec une spatule.
  • ajoute l'orge et la viande réservé et laisse mijoté lentement . 30 minutes devraient suffire mais plus c'est long, plus c'est bon...
  • Evide les pains et mets y ton ragoût brûlant. Voilà , c'est prêt! Mais entre nous...C'est encore meilleur le lendemain!

La suite? Au prochain épisode….

Sources:

 
 

Sans doute n’avons-nous pas de questions à poser qui soient sans réponse. Nous devons faire confiance à la perfection de la création au point de croire que, quelle que soit la curiosité que l’ordre des choses a éveillée dans notre esprit, l’ordre des choses peut la satisfaire. La condition de chaque homme est une solution en hiéroglyphes aux questions qu’il poserait.

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